• LE CHIEN JALOUX ? A VOIR MAIS DE SON POINT DE VUE A LUI

    Si il est établi aujourd’hui (et non seulement j’en suis convaincue mais je milite pour cette reconnaissance) que les chiens ressentent des émotions et les expriment au travers de leurs comportements, il peut sembler nécessaire de leur accorder le respect essentiel qu’est le droit à la différence. Aussi je vous propose la traduction d’un article de HANNAH SADGROVE (Masters of Science - Clinical Animal Behaviour (Edinburgh University, Scotland, Current) sur la jalousie mais également sur les dérives possibles de l’anthropomorphisme.

    « Donc, plus que spécifiquement la jalousie (bien que je veuille en savoir plus sur ça aussi), je voulais parler de l’anthropomorphisme dans le monde canin.
    Sa richesse, ses risques, et le fait qu’il oeuvre rarement en faveur de notre (ou de nos) chien(s).

    L’anthropomorphisme est l’attribution de caractéristiques ou de comportements humains à des animaux. Nous le faisons tout le temps pour des animaux non humains et même à des objets. C’est un processus mental subconscient, à 100% normal, et nous ne pouvons souvent pas l’empêcher - mais nous pouvons en prendre davantage conscience et en mesurer le poids dans nos raisonnements, déductions et actions.

    Les chiens sont les premières victimes de notre anthropomorphisme, car ils doivent vivre avec nos comportements issus de notre obsession en matière d’étiquetage. Nous étiquetons les chiens comme étant provocants, impolis, inquiets, orgueilleux, sérieux, comme * insérez ici toute autre émotion / caractéristique humaine *… la liste est indéfinie et infinie.

    Prenons par exemple le «regard coupable» chez les chiens.
    Votre chien a détruit votre coussin et, lorsque vous êtes entré dans la pièce, il a tiré un visage coupable parce qu'il SAVAIT qu'il n'était pas censé faire cela.
    C'est un anthropomorphisme classique.
    En réalité, nous savons maintenant que votre chien n'est pas coupable du tout ou du moins ne ressent il aucune culpabilité. Il a peur de votre comportement potentiel en réponse à la présence du coussin en mille morceaux sur le tapis. Cette réponse de peur est basée sur son expérience antérieure de votre comportement. (NDLR comme le dit parfaitement CHIRAG PATEL : le chien n’a pas la notion du bien et du mal mais de ce qui est secure et de ce qui ne l’est pas, votre colère)

    Votre chien est incapable d'associer correctement votre colère à son acte de destruction du coussin en raison du décalage dans le temps entre l’action (son action) et la réaction (votre réaction). Par conséquent, plutôt que de le dissuader de répéter ce comportement à l'avenir, vous lui apparaissez juste (mais énormément) imprévisible et effrayant.

    Donc, dans le cas d'une culpabilité anthropomorphisée sur des chiens, il s'agit vraiment d'une situation de perdant-perdant. Les coussins sont toujours détruits, les chiens apprennent que vous êtes effrayants. Oups!

    Alors qu'en est-il des chiens jaloux?
    Nos chiens peuvent-ils ressentir de la jalousie envers les autres chiens?
    Votre chien peut-il reconnaître que son frère ou sa soeur reçoit plus de caresses ou de gâteries et en devient jaloux?

    Réponse courte, genre de… peut-être… laissez-moi vous expliquer.

    Encore une fois, nous devons être VRAIMENT prudents avec les anthropomorphismes, car déjà en utilisant le mot « jalousie », nous attribuons une émotion qui nous est spécifique, et la façon dont nous la ressentons, à nos chiens; et nous ne saurons jamais réellement, et en supposant même que ce soit le cas, si cela est juste ou pas.

    Il existe un terme scientifique pour un modèle de comportement qui ressemble à ce que nous attendons (comprenons) que soit la jalousie. C’est ce qu’on appelle «l’aversion pour les inégalités». Ce n’est pas tout à fait pareil, mais c’est le plus proche que nous ayons jusqu’à présent (à ma connaissance! Sentez-vous libre de m'éclairer si j'ai oublié quelque chose). (NDLR non équité pourrait être plus approprié)

    L'aversion aux injustices est essentiellement la préférence pour l'équité. L'animal proteste quand il reçoit une récompense moindre que son copain.

    Par exemple. Si vous prenez un chien qui sait comment donner une patte, et que vous répétez cet exercice, le chien continuera souvent avec plaisir à adopter ce comportement pour peu ou pas de récompense - tirant une grande partie de son renforcement de l'interaction elle-même.

    Cependant, si vous mettez deux chiens l'un à côté de l'autre et que vous leur imposez tous les deux de se comporter de manière répétitive, vous donnez à l'un d'eux une récompense alimentaire de grande valeur à chaque fois et à l'autre aucune récompense; le chien sans récompense cessera rapidement d'avoir ce comportement, même s'il le faisait auparavant avec bonheur pour rien.

    Il préfère se mettre en grève que de voir leur copain recevoir des récompenses qu’il ne reçoit pas, l’expérience a aussi été menée avec plusieurs chiens et un seul récompensé : la grève est générale parmi ceux qui ne reçoivent rien.

    Les chercheurs suggèrent que cette sensibilité à l’inégalité indique un sens biologique et évolutif du «fair-play» social, essentiel au succès des systèmes sociaux coopératifs.

    Cependant, le degré d'aversion à l'inégalité que subissent les chiens est primitif par rapport aux humains et aux autres grands singes. Et c’est là que nous commençons à les anthropomorphiser.
    Les singes capucins se mettront en grève lorsqu'ils recevront un concombre sans saveur, tandis que leur copain recevra un délicieux raisin, ce qui lui permettra de différencier la valeur de deux récompenses alimentaires. Mais les chiens ne sont pas aussi sensibles, et tant qu'ils reçoivent quelque chose, ils seront heureux de jouer.

    Alors les chiens deviendraient ils jaloux ???

    NON!!!!

    Rien de tout cela ne suffit pour dire que «les chiens éprouvent de la jalousie». Tout ce qui est dit, c’est qu’un nombre important de chiens cesseront de travailler si leur ami est payé alors qu’ils ne le sont pas, dans cette situation précise.

    Cela ne nous dit pas s’ils éprouvent ce que nous ressentons avec autant d’intensité et de la même manière ce que nous nommons jalousie si nous caressons, calînons, cajolons leur ami plus qu’eux.
    Cela ne nous dit pas s’ils éprouvent de la jalousie pendant que nous apprenons un tour à un chien pendant que l’autre est mis en caisse.
    Cela ne nous dit pas s’ils éprouvent de la jalousie si un chien est autorisé sur le lit et si les autres ne le sont pas, ou si vous en promenez un et laissez l’autre derrière.

    Cela ne nous dit pas grand chose du tout.

    Il n’existe pas encore suffisamment d’études sur le sujet pour pouvoir en comprendre l’étendue. Nous devons donc faire attention à la manière dont nous appliquons ces informations à notre gestion de nos chiens.

    La morale de l'histoire est que les émotions sont incroyablement complexes et difficiles à étudier, et souvent ce que nous voyons à l'extérieur n'est pas une représentation fidèle de ce qu'il y a à dire au sujet de ce qui se passe à l’intérieur.

    Nous comprenons à peine nos propres émotions, alors comment décrire celles d'une espèce non verbale complètement différente!? Nous devons donc faire machine arrière et cesser de tirer d’énormes conclusions à partir de fragments de comportements, d’informations peu fiables, ou, pire, de simples opinions.

    La chose la plus sûre et la plus gentille, la plus responsable et la plus respectueuse que nous puissions faire pour nos chiens est de supposer que nous ne savons pas pourquoi ils font ce qu’ils font, ou du moins que nous examinons leur comportement objectivement, que nous essayons de ne pas anthropomorphiser leurs moindres gestes et leur accorder, nous accorder aussi, le bénéfice du doute. Ainsi, si nous nous trompons sur leurs motivations (ce que nous faisons de souvent à tout le temps), au moins, les retombées seront minimes. »

    Je vous laisse méditer, vous exprimer, et lire le texte initiale en anglais dont le lien est ci dessous par respect pour l’auteur et son travail.

    Les chiens sont sensibles, intelligents, sentients mais ils sont eux et ça nous devons l’accepter, le Monde ne tourne pas autour de nous, le Monde et ses valeurs ce n’est pas nous mais nous tous avec nos différences.

     

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    www.educateurcanin64.com


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  • Chez le chien, le manque d'activité est souvent à l'origine de troubles du comportement, de fébrilité et de manque d'attention. En lui permettant de se dépenser et d'être stimuler, votre compagnon n'en sera que plus détendu et à l'écoute.

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